Droite (politique)

En politique, le terme de droite désigne à l'origine la partie droite de l'Assemblée nationale dans l'hémicycle, vu de la place de son président, en France : à l'époque de la Révolution française, les députés favorables au régime monarchique se placèrent à droite car symboliquement la droite représente dans la tradition ce qui est préférable et doit servir de règle. On retrouve notamment ce sens dans les expressions suivantes : « Être assis à la droite du père » et « Être le bras droit de quelqu'un ». En latin, « dexter » veut d'ailleurs dire « à droite » ou « favorable », tandis que « sinister » est « à gauche » ou de « mauvais augure ».

Par la suite, l'appellation « droite » a perduré et fut utilisée pour désigner les idées de ceux qui, à des degrés divers, sont restés attachés à une vision classique de la politique, contrairement à la « gauche », tournée vers une conception moderne[1]. Les courants politiques dits de droite correspondent plus généralement à des courants politiques ayant une doctrine, une tradition ou une idéologie plutôt conservatrice manifestant en tout cas un certain attachement à l'ordre hiérarchique, considéré comme juste ou comme un moindre mal[2],[3]. En effet, la droite refuse d'accorder du crédit - ou alors avec modération - à la croyance progressiste des Lumières de la perfectibilité de l'Homme, alors défendue par les socialistes et les libéraux[4],[5]. Les conservateurs sont plutôt enclins à défendre la culture, non comme source de progrès moral collectif, mais comme moyen de brider les mauvais penchants de l'Homme ; ce dernier étant pourvu du libre arbitre[6]. Ce qui caractérise la droite est alors le pessimisme anthropologique, le sens du tragique et le rejet de l'utopie[7],[8],[9],[10],[11]. Le point commun des droites libérales et conservatrices est le spiritualisme, c'est-à-dire le rejet du matérialisme et du scientisme (marxisme, utilitarisme, réductionnisme, ...)[12],[13],[14].

La droite inclut des familles de pensée de type réactionnaire (comme le légitimisme) mais, historiquement, elle n'a cessé depuis son apparition de perdre ses valeurs les plus conservatrices[MW 1] : le phénomène est à relier au sinistrisme.

D'après Michel Winock, on ne devrait pas parler de droite au singulier, mais davantage des droites, qui, dès l'origine, ont divergé et se sont opposées[MW 1]. La diversité des droites commence par la diversité des démocraties libérales : la droite espagnole n'est pas la droite française[MW 1]. D'autres distinctions viennent ensuite.

Cependant, certains auteurs estiment qu'il est possible de donner une définition universelle (c'est-à-dire indépendante de considérations historiques ou géographiques) de l'état d'esprit philosophique qui anime la droite. Louis Le Carpentier fait ainsi état de « la reconnaissance d'un ordre naturel (ou universel) et objectif des choses, l'adhésion à ce même ordre, et la volonté effective d'agir — non seulement à l'échelle individuelle, mais aussi et surtout à l'échelle collective — en conformité avec lui, ainsi de l'actualiser dans la société politique »[15].

  1. Claude Polin et Claude Rousseau, La cité dénaturée. Cité classique contre cité moderne, Poitiers, Éditions PSR, 1997.
  2. (en-US) « What is Classical Conservatism? », sur Fact / Myth,
  3. Cerverette, « Donoso Cortés, par Guy Augé », sur Vive le Roy,
  4. Florence Lotterie, « Le progrès désenchanté : la perfectibilité selon Constant, ou le malaise libéral », dans Le Groupe de Coppet et le monde moderne : Conceptions — Images — Débats, Presses universitaires de Liège, coll. « Bibliothèque de la faculté de philosophie et lettres de l’université de Liège », (ISBN 979-10-365-1654-2, lire en ligne), p. 273–288
  5. Camille Dejardin, « Le meilleur du socialisme », sur Cairn,
  6. « Traité du libre arbitre - Wikisource », sur fr.m.wikisource.org
  7. Laurent Martin, « Le pessimisme culturel. Civilisation et barbarie chez Freud, Elias, Adorno et Horkheimer », Histoire@Politique, vol. 26, no 2,‎ , p. 5–16 (ISSN 1954-3670, lire en ligne)
  8. Aimeric Jardin, « La gauche et la droite face au péché originel : la théologie politique de Léo Moulin », sur PHILITT,
  9. « 30Giorni | Reinhold Niebuhr et le réalisme politique de saint Augustin (par Gianni Dessì) », sur www.30giorni.it
  10. « Conservatisme vs/ utopie », sur Fondation du Pont-Neuf
  11. « Pierre Ponchon - Thucydide philosophe: la raison tragique dans l'histoire. Horos. | La Vie des Classiques », sur www.laviedesclassiques.fr
  12. « Matérialisme ou spiritualisme ? », sur Information Immobilière,
  13. Vincent Citot, « Matérialisme, spiritualisme et scepticisme : prolégomènes à une philosophie du bonheur », sur Cairn, Le Philosophoire n°26, , p 37-54
  14. « Le Socialisme - L. von Mises », sur herve.dequengo.free.fr
  15. Louis Le Carpentier, L'Esprit de Droite, analyse morale et politique, Reconquista Press, , 144 p. (ISBN 978-1-912853-17-5), p. 132


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